Discours sur le courage

Je ne demande votre attention qu’un court instant

Je sais je vous prends peut-être de court

Je ne prétends pas être un de vos courtisans

Je ne veux pas être le coq de la basse-cour.

 

Mais si on faisait une course entre un coursier en pantacourt,

Une pilote dans un vol long-courrier,

Et une personne qui ne cesse de courater,

On sait déjà qui portera la couronne à la fin de ce concours.

 

J’te préviens, si tu nages à contre-courant

Même avec beaucoup d’encouragements

C’est un choix à faire en dernier recours

Mais croise les doigts pour que quelqu’un te porte secours.

 

Si jamais tu as la mémoire courte,

Ta vie est plus proche d’un court-métrage

Que du film Fenêtre sur cour, t’inquiète

J’te donne tout mon courage

 

Pour circuler entre plusieurs logements, tu peux utiliser des coursives

C’est souvent un raccourci si tu t’y prends bien

Si tu es de La Rochelle et que tu vas à la Coursive,

Fais le bon choix entre côté cour et côté jardin.

 

Tu te souviens, quand on était dans la cour de récré

Le temps nous paraissait beaucoup trop court.

On était à peine sorti de cours qu’on devait déjà y retourner.

La vérité, c’est une bataille de cours à cour.

 

Que tu suives le cours de la bourse de son ouverture à la clôture

Ou que tu suives les limiers lors d’une chasse à courre

Étires-toi bien à la fin, sinon tu auras des courbatures.

Evidemment si tu es à cheval t’en auras moins que si tu cours.

 

J’espère qu’avec ce discours, je rentrerai dans la cour des grands

Même si on est court sur pattes, on peut passer par un couronnement.

Et toi, tu as fait quoi pendant ton confinement ?

On est confiné chacun chez soi mais on n’a jamais été autant au courant de ce qu’il se passe chez les autres. Paul a fait du pain, Raphaël a appris une nouvelle langue, Inès s’est mise au sport, Romain sait désormais jouer de la guitare, Elena a rangé et redécoré tout son appartement, etc. Et toi, tu as fait quoi ? Ton seul lien avec l’extérieur ça a été une série en version anglaise sur Netflix ? Ton sport de la journée ça a été d’aller applaudir à 20 h sur ton balcon ? En somme, tu t’es reposé, tu t’es ressourcé, tu seras en pleine forme pour le déconfinement mais est-ce que tu t’es préparé à culpabiliser car tu as « raté » ton confinement ? Non sans doute pas car il ne faut pas culpabiliser de cela. Déjà que veut dire « rater son confinement » ou sinon « réussir son confinement » c’est quoi? C’est avoir développer une nouvelle compétence ? C’est avoir réussi un objectif personnel ? Mais qu’est ce qu’est un objectif personnel ? C’est un but qu’un individu se fixe certes mais il est propre à chacun. Apprendre l’espagnol n’aura pas le même sens pour un espagnol que pour un étudiant qui veut partir en Espagne en Erasmus à la rentrée. Faire son pain n’aura pas le même sens pour un boulanger que pour un novice en la matière.

Certes, le confinement c’est l’occasion de faire ce qu’on aurait pas eu le temps de faire en période normale. Mais habituellement tu as le temps de dormir ou d’aller sur Netflix ? Non pas nécessairement alors il est tout à fait légitime d’avoir profiter du confinement pour le faire. Et puis, le gouvernement va-t-il uniquement autorisé le déconfinement de ceux qui ont réellement fait quelque chose ? Non alors à quoi bon. Ne rien faire, c’est faire quelque chose et pas seulement d’un point de vue étymologique puisque rien vient de « res », la chose en latin (Res publica, la chose publique) mais c’est aussi réfléchir, s’épanouir, sauver des vies, sauver sa vie de la fatigue, de la mort et celles des autres. Pascal disait qu’on se divertissait pour éviter de penser à soi et à la mort.. C’est assez surprenant d’ailleurs car si Elena a rangé son appartement c’est pour bien se sentir chez elle, si Inès s’est mise au sport c’est pour bien se sentir dans son corps, si Raphaël a appris une nouvelle langue c’est pour lui et pas pour les autres donc ils agissent en pensant à eux, pour se sentir bien et accomplir de nouvelles choses avant la mort, non ?

Actuellement en France il y a 67 millions de personnes donc 67 millions d’avis sur la gestion du pays (il faudrait enlever le nombre de personnes en incapacité de donner leurs avis notamment à cause de leur âge mais la démographie française ne fait pas partie de mes objectifs de confinement) et 67 millions de façons de vivre son confinement. Alors vivons notre confinement comme nous le souhaitons mais avec comme seule action commune de rester chez soi et avec comme objectif commun de sauver des vies.

Et toi, quelle est ta signification du mot « matin »?

Il y a ceux pour qui le matin ne signifie rien. Pour qui le réveil passe son chemin et viendra les chercher dans quelques heures. En attendant ils sont toujours en apesanteur. Ils continuent même peut-être leurs rêves dans la tenue d’Adam et Eve. Pour eux, la journée n’est pas encore née et ils n’en font pas une fatalité.

Il y a ceux pour qui le matin est ce qui vient gâcher leur quotidien. Il les extirpe du lit sans qu’ils en aient envie. Ils resteraient bien plus longtemps là, au chaud au fond des draps, la main posée sur le réveil qu’ils ont malgré tout activé la veille. Le seul moyen de les motiver à aller travailler, c’est sans doute leur évoquer la fin de journée. Alors pour commencer, rien de mieux qu’un bon café.

Il y a ceux pour qui le matin n’en est pas vraiment un. Pour eux, le réveil ça remonte déjà à la veille. Ils en ont de la chance, au fond quand on y pense. Tu vas travailler? Moi je vais me coucher. Ils ont beaucoup de personnes à narguer quand eux iront fermer les volets.

Il y a ceux pour qui le matin est le dernier lendemain. Ils ne le savent pas encore mais ce matin vaut de l’or. Le prochain, ils le verront d’en haut, à ce qu’il paraît, c’est encore plus beau.

Il y a ceux pour qui le matin est aussi beau que leurs jardins. Toujours de bonne humeur, peu importe l’heure. Dès le début de la matinée, ils sont prêts à aimer, à rayonner, à danser. Ils ont décidé de profiter de la vie plutôt que de la nuit.

Il y a ceux pour qui le matin commence dans le pétrin. Croissant, pain au chocolat, pain au raisin, ils commencent très tôt le matin. Baguette, éclair, chocolatine, ils passent un sacré bout de temps en cuisine. Les boulangers, on ne peut que les admirer et les remercier.

Il y a ceux pour qui le matin n’a plus beaucoup de sens depuis l’arrivée du bambin. Ils se sont levés toute la nuit, réveillés par ses cris. Le matin reprend vie quand bébé est chez papy et mamie. C’est au moment des heures creuses que sonne la berceuse.

Une semaine oppressante : Samedi

Le suspense est à son comble ! Découvrons enfin les raisons de toutes ces absences.

Chaque samedi à la même heure, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse plus de 30°C, Arthur se lève tôt pour aller chercher du pain et des viennoiseries à la boulangerie du coin. Il est 7h30. Son quartier est toujours calme à cette heure-là. D’habitude, en sortant de chez lui, il ne croise que la fleuriste qui ouvre sa boutique mais aujourd’hui, trois voitures de police l’attendent en bas de chez lui. Le lieutenant Camerone se dirige en direction d’Arthur et lui annonce les raisons de leurs interventions. Arthur est suspecté du meurtre de Mme Chevalier la prof de sport, d’Anthony le surveillant, de Quentin le petit plongeur, du SDF de l’église St Jean et de Julie, la caissière du cinéma. A la suite d’un interrogatoire musclé, Arthur avoue les raisons de ses meurtres. A force de rencontrer ces personnes, chaque semaine, à la même heure, au même endroit, il se sentait proche d’eux, comme si leurs vies lui appartenaient mais récemment Arthur avait senti que leurs vies lui échappaient. En effet, Mme Chevalier avait reçu une mutation à Bordeaux et effectuait ses tous derniers cours de sport. La femme d’Anthony venait d’accoucher d’un enfant trisomique, ce qui avait poussé le surveillant et sa femme a programmé leurs départs vers une nouvelle ville possédant un établissement spécialisé pour leur enfant. Quant à Quentin, il avait attiré l’attention d’un club de plongeur de haut vol à Marseille et il devait faire ses adieux à la piscine municipale la semaine prochaine. Le SDF de l’église St Jean avait, lui, bénéficié d’un généreux donateur qui lui avait gentiment donné suffisamment d’argent pour s’acheter une maison en périphérie. Pour Julie, sa mère avait développé un cancer et les médecins étaient peu optimistes, elle ne lui restait que quelques mois à vivre, Julie avait donc décidé de s’installer près de sa mère en Bretagne quelques temps. Arthur avait entendu cela lors d’une réunion à la mairie, il y a quelques semaines. Il n’acceptait pas de devoir recommencer un nouveau train de vie, de devoir trouver de nouvelles personnes sur lesquelles se baser. Son obsession pour la ponctualité avait pris le dessus, le poussant à commettre le pire. La prison lui permettra de continuer son style de vie. Il ne devra plus se fier aux comportements des gens mais plutôt à l’organisation assez stricte des lieux. Les sorties, les repas, les visites étant programmés tous les jours à la même heure.

Une semaine oppressante : vendredi

Pour savoir, il ne suffit pas de prévoir. Il faut aussi savoir improviser.
Isaac Asimov

Le week-end approche, tout devrait rentrer dans l’ordre pour Arthur. Ou pas…

Chaque vendredi à la même heure, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse plus de 30°C, Arthur, sa femme et ses deux enfants font une sortie au cinéma. Ils s’arrangent pour que la séance commence à 20h45, du moins la séance de pub commence à cette heure-ci, la durée du film est tout à fait aléatoire, ce qui fait qu’il s’agit du seul moment de la semaine où Arthur laisse libre court à l’improvisation. Au début, il n’aimait pas trop mais il a appris à apprécier cette dose d’adrénaline. Pour autant, l’entrée dans le cinéma à l’entrée dans la salle est codifiée. La famille doit entrer dans la pièce au moment où la salle dans laquelle ils doivent voir le film ouvre, normalement cela intervient 15 minutes avant le début du film. Les nouvelles bornes numériques leur permettent d’acheter leurs tickets sans patienter dans la file d’attente. La commande s’effectue au moment même où le grand écran dans le hall diffuse une publicité sur les horaires d’ouverture de la patinoire de la ville. C’est Annaëlle qui se charge de donner le ticket à l’agent de sécurité, ça tombe toujours au moment où l’un des responsables du cinéma rentre dans la cabine de projection pour préparer le lancement des films qui doivent commencer à 20h45. Une fois rentrés dans la salle, Arthur accompagne toujours son fils aux toilettes par précaution. A chaque séance, à leur retour dans la salle, un petit garçon au chapeau habillé en bleu et tenant une pioche annonce le début du film sur l’écran. Le film peut dès lors commencer. A la fin du film, la petite famille attend constamment la fin du générique pour prolonger l’instant. En sortant de la salle, ils ont pris l’habitude de prendre le programme de programmation de la semaine prochaine au niveau de la caisse centrale mais aujourd’hui, Julie, la caissière n’est pas la même que d’habitude. Peut-être qu’elle a pris son week-end, non pas possible, elle est toujours là, cela fait 3 ans qu’elle est la caissière attitrée du vendredi en fin de soirée. Cela fait beaucoup trop d’absence dans la semaine pour Arthur, il n’aime pas trop cela, c’est la première fois que chaque jour de la semaine, il manque quelqu’un à son poste, pourtant ce sont des habitués, ils sont toujours là.

Une semaine oppressante : Jeudi

Pour connaître les habitudes de quelqu’un, il suffit de prendre le temps de le regarder vivre. Marc Levy

J’en ai marre, dis (mardi)! Si l’un dit (lundi) dimanche et l’autre dit mercredi et moi je dis (jeudi) vendredi, c’est pas possible ! Par contre ça me dit (samedi) qu’on termine la semaine ensemble !

Chaque jeudi à la même heure, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse plus de 30°C, Arthur rejoint sa femme, Erika, à la Brasserie de l’horloge, un restaurant gastronomique situé à 10 minutes à pied de son bureau, à 12h10. Les deux aiguilles de la grande horloge de l’hôtel de ville se superposent sur le 12 au moment même où Arthur, fonctionnaire à la mairie, sort de l’hôtel de ville à la même heure que le 2eme adjoint délégué à l’éducation. Il ne doit pas traîner, sa femme a rendez-vous avec un investisseur japonais à 13h30. Ils auront largement le temps de prendre un apéritif, de manger et de parler un peu sur le chemin, le serveur connaît parfaitement leur commande et l’heure de leur arrivée. Arthur est à mi-chemin, à mi-temps de la brasserie, il le sait car il voit une patrouille de policiers passer devant l’église St Jean. En arrivant devant la bibliothèque municipale à 12h08, Arthur lève la tête pour voir au loin sa femme au niveau du tatoueur, comme d’habitude. Toujours à l’heure. Le couple franchit la porte du restaurant, salue de la tête le serveur qui leur indique d’un simple signe de tête leur table habituelle, elle offre une jolie vue sur le centre-ville afin qu’Arthur ne perde rien du monde qui l’entoure. Le serveur n’a pas eu besoin de prendre la commande qu’il amène déjà l’apéritif au moment où le bus de la ligne n°9 prend la deuxième sortie du rond-point de la fontaine. Leur table leur donne une vue imprenable sur le fournil de La minute gourmande, l’assiette de saumon fumé sort de la cuisine du restaurant à l’heure même où le boulanger lance une énième fournée. A 12h43, Arthur voyant son assiette de magret de canard et son assortiment de purées arriver, jette un bref regard par la fenêtre, le SDF de l’église St Jean situé habituellement sur la première marche de l’esplanade n’est pas là. Peut-être a-t-il changé d’endroit ? Peut-être a-t-il été pris en charge par le nouveau programme « Tous à l’abri » du maire ? Pour aujourd’hui, rien d’autre ne viendra perturber la routine d’Arthur.

Une semaine oppressante : Mercredi

La ponctualité, c’est d’ arriver à temps et que par conséquent, l’autre ne t’attend pas.

J’espère que votre semaine s’est bien passé car celle d’Arthur n’a pas vraiment bien commencé…

Chaque mercredi à la même heure, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse plus de 30°C, Arthur accompagne son fils, Paul, âgé de 11 ans à la piscine. Paul a déjà la routine dans le sang, il sait qu’ils doivent être dans le hall la piscine à 14h30, au moment où la femme de ménage commence l’entretien des vestiaires hommes. La caissière doit passer le badge du père et du fils à 14h32. Après cela, ils ont 7 minutes pour se changer, pas une de plus sinon il leur faudra trouver un nouveau code pour le casier et ils n’ont pas le temps d’en trouver un autre. Le leur est tellement évident 1439, l’heure à laquelle le casier sera fermé. A 14h41, Arthur passe la tête sous la douche au moment même où le monsieur au maillot de bain bleu foncé, au bonnet de bain rouge et aux lunettes de piscine bleu clair sort tout mouillé du pédiluve. Paul a entendu dire, la dernière fois, par les maitres-nageurs qu’il s’agissait d’un ancien nageur international, sa spécialité le 200m nage libre, son record 1 min 43s 20. A croire que cela est fait exprès, Arthur et Paul sortent de la douche à 14h42 et rentrent dans l’eau à 14h44, le temps de monter les marches et de s’acclimater à la température de l’eau. Après le troisième aller-retour de 25m soit 2 minutes plus tard, ils ont pris l’habitude de s’arrêter et de regarder Quentin, un garçon qui est dans la classe d’Annaëlle, sauter du haut du plongeoir. Mais aujourd’hui, Quentin n’est pas là ni en haut ni en bas du plongeoir. Il est peut-être en compétition, cela est fort possible, on est mercredi. Pour aujourd’hui, rien d’autre ne viendra perturber la routine d’Arthur et de Paul.

Une semaine oppressante : Mardi

L’heure c’est l’heure; avant l’heure c’est pas l’heure ; après l’heure c’est plus l’heure. (Jules Jouy)

Désolé pour cette (longue) absence, l’écriture de mon livre et mon installation dans ma nouvelle ville pour mes études d’ingénieurs m’ont demandé beaucoup de temps, j’ai eu des vacances oppressantes… Retour à notre semaine oppressante !

Chaque mardi à la même heure, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse plus de 30°C, Arthur va chercher sa fille de 13 ans, Annaëlle, au collège Nicolas Appert. Sa fille quitte à 18h05. Pour être à l’heure, il doit monter dans sa Fiat Punto à 17h44. Cela lui laisse le temps de finir son épisode quotidien de Personne n’y avait pensé sur France 3 qui termine à 17h37. Il a tout juste le temps de mettre ses chaussures, de remettre de l’eau dans la gamelle de Crumble. Il descend tranquillement l’escalier de l’immeuble jusqu’au sous sol où sa voiture est garé. En démarrant la voiture, l’autoradio se lance automatiquement sur Les grosses têtes de Laurent Ruquier sur RTL, il arrive pour le moment où les chroniqueurs doivent trouver quel est l’invité du jour. A la sortie du garage de son immeuble, Arthur a pour habitude de laisser passer le camion des poubelles jaunes. De toute façon, il ne restera pas longtemps derrière le camion car ce dernier doit tourner à gauche dans moins de 3 minutes alors qu’Arthur doit tourner à droite pour rejoindre le collège d’Annaëlle. Tout est réglé comme du papier à musique, Arthur passe devant le conservatoire de musique à 17h53, il y croise comme d’habitude Gabriel, le gardien de l’immeuble qui dépose son fils pour son cours de piano hebdomadaire. Arthur divague un peu en pensant à tout cela mais il est quand même à 18h pile pour la fermeture de la librairie, ouf ! Il est à l’heure pour l’ouverture des portes du collège par Anthony, un surveillant… Enfin normalement, c’est Anthony…Aujourd’hui, c’est le proviseur qui s’occupe de la sortie des élèves. Peut-être que le surveillant est malade ou qu’il a eu un empêchement familial, il faudra demander à Annaëlle. Pour aujourd’hui, rien d’autre ne viendra perturber la routine d’Arthur.

Une semaine oppressante : Lundi

Même une horloge arrêtée donne l’heure juste deux fois par jour (Proverbe chinois)

Fini les articles de presse (pour le moment), je commence la publication d’une nouvelle qui s’étendra sur plusieurs semaines. Il est donc vivement conseillé de le lire dans l’ordre. Bonne lecture!

Chaque lundi à la même heure, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse plus de 30°C, Arthur promène son chien, Crumble, le long du canal. L’homme à la chevelure poivre et sel a sa petite routine. A 15h15, il franchit le pas de sa porte. Il n’a jamais de montre sur lui, il ne fait pas confiance à ces outils de précision, il préfère se baser sur le comportement des gens, sur leurs habitudes. Même l’heure affichée sur la croix verte de la pharmacie ne l’intéresse pas. Il sait juste qu’à 15h17, le pharmacien sort de son magasin pour faire sa pause cigarette. Il sait que dans 2 minutes, il sera devant le bar tabac, pile au moment de la dernière pub de la chaîne Equidia diffusé sur l’écran de télé au fond du café. Il n’a pas le temps de s’arrêter pour regarder les résultats du quinté, il doit être à 15h23 devant l’école primaire Gaspard Monge. C’est l’heure à laquelle la classe de sport de Mme Chevalier sort de l’établissement pour prendre le bus en direction de la piscine municipale. Mais aujourd’hui, aucun élève ne franchit la porte. Arthur regarde par les grilles de l’école mais personne à l’horizon, peut-être que la piscine est fermée exceptionnellement pour travaux, le journal de la ville en a sans doute parlé mais Arthur n’aime pas lire les journaux, il préfère se faire sa propre idée du monde. Pour aujourd’hui, rien d’autre ne viendra perturber la routine d’Arthur.

Davidsson contre Goliath (28/06/16)

Chaque compétition réserve son petit lot de surprises. Pour l’Euro 2016, l’Islande s’est révélé aux yeux de tous par son style de jeu atypique et surtout par le soutien de ses supporters. Souvenez-vous…

Et dire qu’ils, les anglais, se voyaient déjà gagner par 3 ou 4-0 et retrouver la France dimanche prochain en quarts de finale. En même temps sur le papier, c’était crédible. Un petit pays de 330 000 habitants contre un autre un peu plus grand avec 53 millions d’habitants. Le premier est classé 35e au classement FIFA, l’autre est 10e. Le premier n’a rien à perdre et personne ne s’attendait à les voir ici, l’autre vise le titre européen. Tout semblait déjà joué d’avance. Le pénalty provoqué par le gardien islandais Halldorsson et transformé par Wayne Rooney laissait penser que les Islandais allaient passer une très mauvaise soirée mais qu’ils pouvaient déjà être fiers du parcours de l’équipe nationale. Cette pensée s’évada 84 secondes seulement après le but anglais. Sur une longue touche, spécialité scandinave, le capitaine Gunnarson trouve la tête d’Arnason qui dévie pour Sigurdsson qui n’a plus qu’à propulser le ballon au fond du filet. La révolte des vikings islandais est en marche. Et puis à la 18e grâce à la lucidité et à l’efficacité de l’attaque islandaise mais surtout grâce au manque de motivation anglais et à la boulette de Joe Hart, le Nantais Sigthorsson va être le bourreau de tout un peuple. A 2-1, et vu le manque d’envie côté anglais et la rage de vaincre côté islandais, le leave semblait l’emporter contre toute attente. Le bloc islandais y est pour quelque chose, il a réalisé une performance étincelante, repoussant constamment les offensives adverses sans faillir ni même stresser, sans doute encore inconscients de ce qu’ils allaient réaliser. La montée désespérée de Joe Hart lors du dernier corner anglais n’y changera rien, de toute façon les Anglais n’avaient visiblement pas envie que cela change et après tout tant mieux pour les Islandais. La communion avec le public pendant une bonne vingtaine de minutes et l’émouvant « clapping » avec les supporters viendront rajouter encore plus d’admiration envers eux mais surtout de quoi avoir peur pour dimanche prochain. Si l’aventure venait à s’arrêter là au tour suivant contre la France, ils rentreraient au pays comme des héros. Rarement une équipe n’avait connu une telle ferveur et créer une telle surprise. Alors pourquoi pas une deuxième contre la France ? La France aura un avantage, elle aura été prévenue de la force islandaise. Souhaitons bon vent aux Anglais qui quittent cette fois-ci leurs confrères européens sans l’avoir voulu mais subi. Et donnons rendez-vous aux insoutenables islandais dimanche à 21 heures au Stade de France.